Il était une fois...

... Tout commence comme ça


Il y a quelques années, alors que la colère d’Arianne envers le dieu déchu ne faisait que s’accroître exponentiellement, cette dernière détruisit la forêt séparant deux bandes de terre, et envoya l’une vers l’ouest où elle devint une île. Cette île se prénomma ensuite Irianeth. Mais pour cette histoire, la seule information importante concernant la création d’Irianeth est celle-ci « détruisit la forêt ». Car c’est effectivement cette information qui précéda et qui eut pour conséquence la venue d’Ophiaca sur l’île brisée.

En effet, si les dieux n’avaient pas osés élever la voix devant la colère d’Arianne, un dieu n’avait pas apprécié ce que la Déesse avait fait sur un coup de tête à la forêt, la détruisant, avec elle toutes les particules magiques et non magiques qui la formaient. Ce Dieu de la nature et des arbres avait senti la douleur de ses créatures alors que la puissance magique d’Arianne, détruisait tout sur son passage.
Ce Dieu n’avait pas la puissance nécessaire afin de faire face à Arianne, mais résolut de trouver un moyen de se venger. Et ce moyen allait s’articuler autour de la seule personne qui pouvait s’élever contre Arianne : Kayan. Le Dieu de la nature eut pour idée d’engendrer un enfant, et de l’offrir pour allié à Kayan, se doutant bien que ce dernier allait en avoir besoin. Si lui-même ne pouvait rien faire, son enfant, débarrassé des chaines divines, pourrait apporter une grande aide à Kayan. Et si jamais l’histoire se finissait en la faveur d’Arianne, il n’aurait qu’à dire que son enfant avait choisi sa route tout seul. Et qu’il n’y était pour rien bien sur… il fallait bien protéger ses arrières !

Le Dieu avait un moment pensé à créer un Immortel, qui aurait été plus puissants, mais ce dernier était lié aux lois divines, et donc ne pouvait pas passer tout son temps sur le monde d’en bas. La moitié d’un être divin c’était déjà bien, et en plus l’enfant allait acquérir la magnifique capacité de pouvoir se reposer, donc il n’allait pas se plaindre. Alors que le Dieu cherchait une femme assez belle pour offrir à son enfant une beauté unique, après tout il allait lui donner la puissance et l’intelligence, dans le Royaume des Elfes, il trouva bien mieux. En effet, il trouva, dans le village royale une petite fille avec des cheveux noirs, et des yeux verts magnifiques. Cependant ces yeux étaient fixés sur quelque chose en particulier. Le corps de la petite fille – elle ne devait pas avoir plus de cinq ans- était tendu, par la colère. Par l’effroi peut-être mais la colère et la déconvenue dans les iris verts démontraient qu’elle n’était pas effrayé par l’objet. De plus comment le pourrait-elle, vu qu’il s’agissait d’un miroir. Un très beau miroir qui plus est, malheureusement brisé en mille morceaux, devant les pieds de la jeune fille qui avait sur la main droite quelques gouttelettes de sang perlant le long de ses doigts fins.

Cette vision mit la puce à l’oreille du Dieu. Il avait pu sentir en elle une puissance magique, certes, mais le fait que le sang coulait dans ses veines et en dehors lui indiquait qu’elle n’était pas une Immortelle. Mais le miroir lui indiqua que l’Elfe était une Maître-magicienne. Les miroirs avaient en effet étaient détruits par l’ire d’Arianne. Il voulut parler avec la petite fille, mais le regard qu’elle lançait au miroir lui fit changer d’avis et préféra lire ses pensées et son esprit à la place.

Elle avait quatre ans, et s’appelait Ophiaca. Elle avait été créée par Kayan, au royaume des Elfes, et prise en charge par plusieurs familles du village. En effet, ses oreilles pointues ne faisaient pas de doute sur son ascendance et les Elfes ne pouvaient pas laisser une fillette seule dans la forêt. Ne voulant pas s’attarder dans les méandres de l’esprit du maître-magicien, le Dieu remarqua cependant deux choses : elle avait découvert la magie, et il fallait mieux ne pas l’énerver car elle avait un sacré tempérament. Il y avait dans le village de Phi un elfe magique qui avait pu lui enseigner quelques brides de magie, comme la lévitation et la télépathie, mais le reste, elle en avait fait ses propres découvertes. La seule chose qui lui appartenait était ce miroir qui était avec elle depuis qu’elle pouvait se souvenir. Elle regardait souvent dans le monde divin avec, cependant, quelques minutes auparavant, son miroir s’était brisé, la prenant de surprise, et lui arrachant quelques gouttes de la peau tendre de sa main.

Le Dieu, qui avait quelques idées en tête, ne put s’empêcher de laisser apparaître un sourire radieux sur son visage. Il voulait en enfant pour le confier à Kayan. Il avait donc prévu d’en faire un, mais là, il tombait sur une créature faite par Kayan en personne ! Rien ne pouvait gâcher cette journée. Décidant que la petite fille n’allait pas trop bouger, le Dieu de la nature alla sur Irianeth pour voir Kayan et l’informer de sa grande découverte. Après tout, un Maître-Magicien crée par Kayan avait été choisi par Arianne pour enseigner aux futurs élèves d’Emeraude…

Arrivé sur Irianeth, le Dieu entendit des gens parlé de l’étrange requête de l’Empereur : lui amener des enfants magiques ! Avec un sourire encore plus large, il réapparu aux côtés de l’enfant qui n’avait toujours pas bougé. Après quelques discussions durant lesquelles le Dieu se rendit compte à quel point une enfant ironique et moqueuse, même si elle avait quatre ans, pouvait être énervante, le Dieu arriva à convaincre Ophiaca de venir avec lui sur Irianeth. Après tout, elle n’avait rien à perdre, et tout à gagner. Elle s’ennuyait franchement dans ce village. Emmenant avec elle, le reste du miroir, Ophiaca franchit la distance qui la séparait d’Irianeth rapidement grâce à la téléportation du Dieu. Ce dernier l’emmena voir tout de suite Kayan, voulant sceller au plus vite les retrouvailles du créateur et de sa création. S’il attendait des effluves de joie et de bonheur, il se trompait amèrement. De toutes les choses que pouvait demander Phi, elle demanda à son créateur des livres, et une chambre éloignée des autres « imbéciles ». Les deux Dieux décidèrent de la présenter le lendemain à Elhemina. Puis le Dieu de la nature rentra chez lui, espérant ainsi qu’il aura sa vengeance.

Alors qu’elle se présenta devant l’Empereur et la Maître-Magicienne, Ophiaca fit peur aux autres enfants. Non pas parce qu’elle était plus grande qu’eux, pour la plupart, ou alors qu’elle avait des yeux verts intrigants, mais bien parce qu’elle ne disait rien. Elle restait dans son coin, le visage froid et inexpressif, les yeux rivés sur l’Empereur et sur la Magicienne. Préférant travailler et évoluer seule, Ophiaca n’aimait pas tellement l’autorité, la contestait souvent, mais la respectait si elle était fondée.

En entendant les autres enfants qui se demandaient s’ils allaient réussir ou non les tests, un sourire ironique et arrogant se dessina sur les lèvres de la petite fille, qui était adossée à un mur, les bras croisés sur sa poitrine. Les enfants l’entourant n’osaient pas l’approcher, ce qui lui allait parfaitement, et une lueur amusée apparût dans les iris verts suite aux regards troublés qu’elle recevait. Phi savait très bien qu’elle allait réussir les tests s’ils étaient basés sur la magie. Elle s’était toujours entrainée et la seule façon qu’il y avait pour elle d’échouer était qu’il y eu cinq autres maîtres-magiciens sous la forme d’enfant. Ce qui était, disons-le, improbable. Pas impossible, vu le caractère de certains d’entre eux, mais hautement improbable.

Durant les tests, Ophiaca s’amusa grandement. Elle était très contente à l’idée de pouvoir sourire méchamment aux enfants dont les dons laissaient à désirer, et surtout à rire de leur performance. Sa performance à elle fut bonne, mais cela n’était pas une chose très surprenante.
Considérant que son caractère s’est un tant soit peu adouci avec le temps, on peut se demander pourquoi Elhemina a gardé une peste pareille. Sûrement du à son statut d’être semi-divin. Même à quatre ans c’était une peste. Elhemina devait aimer souffrir car les enfants qu’elle avait choisi, et judicieusement, avaient tous des caractères… différents.
Cinq furent choisis, dont Ophiaca, bien sûr, et les deux princes. Ces derniers avaient un comportement si différent de celui d’Ophiaca que cela l’amusait grandement. Elle allait avoir des sources d’amusement toutes proches d’elle dans les années à venir. L’amusement diminua quand la plupart des enfants lui demandèrent de changer son nom car il était trop difficile à prononcer.

Les premières années d’études furent centrées sur la magie, ce qui ne posa pas tant de problème à la petite fille qui grandit de plus en plus. Elle n’avait pas l’habitude d’être entourée d’autant de monde, mais elle s’amusait donc au moins la vie n’était pas ennuyante. De plus, Ophiaca allait souvent discuter avec Kayan sur les théories exprimées par les livres, et d’autres choses. Savoir qu’elle avait été créé à partir de rien, lui plaisait beaucoup et remerciait souvent Kayan de lui avoir permis de vivre.

Les années d’adolescence furent comblées par les entrainements aux différentes armes. Si Ophiaca avait été à l’avant de son groupe les premières années, elle se retrouvait presque à la fin durant les premières années d’adolescence. Son physique n’était pas fait pour porter une arme, elle était trop fine, trop svelte. Certes, elle bougeait rapidement, savait esquiver des coups, mais à quoi servait tout cela si elle était incapable de porter une épée ! Pour la jeune fille, que la crise d’adolescence avait rendu très susceptible, c’était horrible. Phi s’était toujours considéré comme une attaquante, et là, elle restait toujours sur la défensive, ne pouvant pas soulever son épée. En si elle y arrivait, ses coups avaient en eux la même force que ceux donnés par Liam s’il avait frappé avec un bout de bois coincé entre ses dents. Et cela l’énervait tellement qu’elle compatissait avec Liam qui n’aimait pas se battre. Ils étaient aussi forts l’un que l’autre et c’était pour dire. Ophiaca cependant persista dans ses efforts, se levant très tôt le matin pour aller courir, et se couchant très tard le soir afin de pratiquer sa force. Si elle devint plus endurante, même si elle avait toujours aimé courir et le fait de courir longtemps ne l’avait jamais dérangé, ses bras ne prirent pas autant de muscles que ses jambes, alors qu’elle souhaitait le contraire.

Puis, un jour, Ophiaca tomba nez à nez avec ce qui allait changer sa vie : un arc. Après qu’un maître d’arme lui donna quelques conseils, elle ne tarda pas à mettres ces derniers en application, et tomba amoureuse de cette arme. Même si elle n’était pas musclée des bras, elle avait plus de facilité à tirer à l’arc que de porter une épée ou une lance. Sa vision et sa précision l’aidaient beaucoup, et elle fut nommée tacitement archère de l’ordre. Au fil des années, sa carrure se développa un peu, lui permettant d’étendre sa rangée.

Malgré ce qu’on pourrait croire, le fait que Lilwen soit nommé Chef ne dérangea en aucun cas la jeune femme qui trouva cela très juste. Lilwen était calme, avait une bonne écoute et savait rompre les disputes quand et comment il le fallait. Si jamais Ophiaca avait été nommé Chef... De plus, écouter tous les membres de l’ordre l’aurait profondément ennuyé. Les relations entre les Chevaliers de la Première Génération étaient bonnes, et ils attendaient tous impatiemment l’attribution qui allait leur confier un écuyer. Tous ? Non, un Chevalier espère toujours et encore qu’il arrivera quelque chose de fâcheux à son futur écuyer pour ne pas l’avoir sur le dos pendant des années. Pour sûr, si elle savait qu’on allait lui pendre sur le cou un môme, elle y aurait réfléchi à deux fois avant de venir sur Irianeth…

Derrière le masque

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